Le Canadien en séries | L’étonnante conclusion d’une saison en montagnes russes

Ce qui paraissait complètement impensable il y a quelques mois, voire quelques semaines, vient de se produire chez le Canadien. À la suite de leur victoire de 4-2 contre les Hurricanes de la Caroline, mercredi soir, les hommes de Martin St-Louis se sont enfin qualifiés pour les séries éliminatoires de la Coupe Stanley.

Mis à jour à 21 h 47

Avec 91 points au classement, le Tricolore est maintenant hors de portée des Blue Jackets de Columbus. Installé au huitième rang de l’Association de l’Est, il affrontera au premier tour les Capitals de Washington, qui termineront la saison en tête de l’Est. Le premier duel aura vraisemblablement lieu pendant le long week-end de Pâques.

Il s’agira pour les Montréalais d’une première participation au tournoi printanier depuis 2021, et de leur première depuis 2017 au terme d’une saison complète non perturbée par la pandémie de COVID-19.

Cette qualification marque une fin heureuse, quoiqu’imprévisible, à une campagne haute en émotions heureuses et moins heureuses. Avant de parvenir à son but, le club avait comblé deux importants retards avec les équipes devant lui. Il a également eu chaud en fin de parcours.

Retour sur une saison en montagnes russes.

Malheur au camp

L’enthousiasme est à l’honneur au camp d’entraînement. Le retour en santé de Kirby Dach, l’émergence de Lane Hutson et l’arrivée de Patrik Laine sont autant d’éléments qui suscitent la curiosité pendant les matchs préparatoires. Laine est toutefois victime d’une malchance : le 28 septembre, il subit une grave blessure à un genou qui lui imposera une convalescence de plusieurs semaines.

Faux départ

En lever de rideau, le Canadien gagne deux de ses trois premiers matchs, mais enchaîne ensuite quatre défaites, dont une, très sévère, de 7-2 aux mains des Rangers de New York. Une semaine plus tard, c’est le Kraken de Seattle qui impose sa loi au Centre Bell en signant un gain de 8-2. Dans les deux cas, le gardien Samuel Montembeault est retiré de la rencontre.

Le fond du baril

De la mi-octobre jusqu’à la fin de novembre, la déroute est totale sur la glace. On peine à marquer des buts, le système défensif est dysfonctionnel, les gardiens ne font plus les arrêts… Le 31 octobre, au terme d’une défaite gênante à Washington, l’entraîneur-chef Martin St-Louis est furieux. « On s’est vomi dessus », déclare-t-il dans une rare critique à chaud de la performance de ses joueurs. Ceux-ci retrouvent graduellement leurs repères, mais les revers continuent de s’accumuler. Le 1^er décembre, une gifle de 6-3 à Boston porte la fiche du Canadien à 8-13-3. Le club croupit au 31^e rang du classement général.

Le réveil

Le 3 décembre marque l’entrée en scène de Patrik Laine dans son nouvel uniforme. Acquis au cours de l’été, le Finlandais n’a pas disputé de matchs depuis un an. À sa première sortie, il fait exploser le plafond du Centre Bell en marquant un but en avantage numérique. Il en inscrira trois en quatre matchs. L’équipe commence à gagner avec un peu plus de régularité, mais subit néanmoins sa plus sévère défaite de la saison le 12 décembre : 9-2, à domicile, contre les Penguins de Pittsburgh. Arrivé en relève à Montembeault en fin de rencontre, Cayden Primeau accorde trois buts sur sept tirs. Ce sera son dernier match de la campagne à Montréal.

L’envol

Le 18 décembre, le directeur général Kent Hughes secoue son escouade défensive. Il échange Justin Barron aux Predators de Nashville en retour d’Alexandre Carrier. L’arrivée du Québécois coïncide presque parfaitement avec le début d’une irrésistible série victorieuse pour le Tricolore. Du 17 décembre au 21 janvier, le Canadien est carrément la meilleure équipe de la ligue et remporte 13 de ses 17 matchs. Cette séquence voit le gardien Jakub Dobes disputer les premiers matchs de sa carrière dans la LNH. Il remporte ses cinq premiers départs.

La rechute

Déjà privé d’Emil Heineman, dont l’absence sur le quatrième trio a semblé ôter toute la magie qui avait mû cette unité au cours des semaines précédentes, le CH perd les services de Kaiden Guhle. Le 28 janvier, le défenseur subit une lacération du quadriceps qui nécessite une intervention chirurgicale. On ignore quand il jouera de nouveau. Sur la glace, le jeu collectif subit une importante régression, alors que plusieurs joueurs, notamment Josh Anderson, semblent composer avec des blessures. Le club tente désespérément de garder la tête hors de l’eau à l’approche de la Confrontation des 4 nations, qui donnera un congé de 10 jours à tous les joueurs. Au moment où s’amorce la pause, le Tricolore est à six points d’une place en séries éliminatoires après avoir subi huit défaites en neuf matchs.

L’autre réveil

La date limite des transactions approche et la direction prépare sa stratégie. À l’exception de Jake Evans, qui connaît la meilleure saison de sa carrière sur le plan offensif, l’organisation n’a pas de monnaies d’échange très attrayantes dans sa besace, mais semble néanmoins disposée à laisser aller quelques vétérans en fin de contrat. Nick Suzuki convainc toutefois Kent Hughes de laisser la formation intacte. Le DG accepte et le capitaine répond par la bouche de ses canons. Au retour de la pause des 4 nations, Suzuki devient l’un des attaquants les plus prolifiques du circuit, et Lane Hutson l’imite en défense. Samuel Montembeault se montre quant à lui intraitable devant le filet. Résultat : le Canadien remporte 8 matchs sur 11 et est de retour dans la course aux séries éliminatoires. Il se donne même une légère avance sur un peloton serré au possible.

Dérapage contrôlé

Malgré une généreuse récolte de points au classement, certains éléments structurels semblent faire défaut, ce qui finit inévitablement par coûter des victoires au Tricolore – il cumule même cinq défaites de suite, du 20 au 28 mars. Or, les autres prétendants aux séries dans l’Est connaissent un passage à vide quasi en même temps, si bien que les Montréalais sortent de cette vilaine séquence sans heurt.

Sprint final

Surprise ! Pleinement remis de sa blessure, Kaiden Guhle revient au jeu. Rapidement, sa présence stabilise la défense. Une victoire contre les Panthers de la Floride lance un sprint final qui donne au Canadien une confortable avance dans la course aux séries. Il a l’occasion de se qualifier dès le 11 avril à Ottawa, mais il trébuche, puis il échoue à ses deux essais suivants, contre les Maple Leafs de Toronto et les Blackhawks de Chicago. Les Blue Jackets de Columbus, dernier adversaire en lice, s’approchent. Le CH, toutefois, s’accroche. Le 16 avril, au terme du 82^e et dernier match de la campagne, le fil d’arrivée est franchi.

Voilà en outre qu’Ivan Demidov, fraîchement arrivé de Russie, a épaté la galerie à ses débuts avec l’équipe lundi. Le défi face aux Capitals sera certes corsé au premier tour. Il n’empêche que pour la première fois depuis un bon moment, le printemps sera ensoleillé pour les partisans de hockey du Québec.